mardi 22 juillet 2014

Faites-nous la bise, de Daniel Woodrell


On a l'impression que les personnages vont sortir du livre tant ils semblent vrais. Il faut dire que la vie très rude du anti-héros de ce roman noir rural (selon l'expression de l'auteur) s'apparente clairement à celle de Daniel Woodrell. En effet, celui-ci  est né dans les monts Ozarks. Toute sa famille en est originaire. Il a grandi à Saint-Louis et à Kansas City. Mais il est revenu s'établir aux monts Ozarks, après un passage dans les Marines, tout comme le personnage de son livre. Cette campagne reculée des USA, rude l'hiver, suffocante l'été, est en fait la véritable héroïne de ce roman. Woodrell lui rend hommage, à travers une écriture lumineuse, musclée, drôle, et poétique.



Ce roman raconte l'histoire de la famille Redmond, et notamment son côté obscur, un côté très présent dans les familles des Ozarks. Car la vie y est très difficile, et toute source de revenu légale ou non est la bienvenue. Entre un grand-père qui a ruiné la famille en tuant un Dolly, membre de la famille ennemie des Redmond, un frère recherché par la police qui cultive du canabis, et enfin des parents déjantés qui sont prêts à vendre ce cannabis pour gagner un peu d'argent, Doyle, le personnage principal, l'intellectuel de la famille qui écrit des romans, a fort à faire.

Woodrell s'attache à montrer qu'on ne s'en va pas des Ozarks comme ça, et qu'il est difficile de s'arracher à une lourde hérédité comme celle des Redmond, où l'on est un peu bandit de père en fils. Cela donne un remarquable roman noir pétri d'humanité.

Daniel Woodrell, Faites-nous la bise, Rivages, 272 pages, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michèle Valencia, sorti en 1996 (Etats-Unis) 1998 (France) 

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